Hélioscanner
une composition pour le chorégraphe Julien Jeanne

Démarche Générale

Ma démarche nécessite des technologies informatiques contemporaines. Lorsque par exemple le projet doit générer une onde de choc, une production électro-acoustique est nécessaire afin de façonner l’enchainement de fréquences optimum. Pour ce faire l’utilisation de logiciel comme MAX/MSP, PRO-TOOLS et d’autres sont nécessaire.

En revanche lorsque je présente des actions sonores, je travaille principalement dans une dynamique opposé qui vise à ne pas utiliser de « haute technologie » mais principalement une « basse technologie ». S’inspirant du courant LO-FI, je m’efforce de n’utiliser que des périphériques informatiques et d’amplifier leurs activités par l’intermédiaire de microphone spécifique.
Considérant ainsi le scanner, l’imprimante ou le moniteur comme de véritable instrument. L’utilisation de logiciel, pour ces performances, ne résident que dans le pilotage de la machine. Ainsi toutes les matières sonores sont induites par de l’image produite par WORD, AUTOCAD, ou PHOTOSHOP. L’utilisation de la répétition d’une action me permet de constitué des boucles, des rythmes et parfois des mélodies…
L’intérêt de cette démarche réside sur une critique d’un penchant de la musique électronique contemporaine, ne donnant à voir que des variations de mouvement de doigts induisant de micro-variations de souris informatique. Le seul risque encouru étant la panne électrique et où le terme performance ne renvoi qu’a une vague notion artistique.

En revanche dans des actions sonores organisées récemment, le fait d’utiliser des scanners, imprimantes, traceurs et autres périphériques, l’objet révèle ses propres faiblesses tel un instrument de musique. L’absence de synchronisation, le bourrage papier ou la panne d’encre s’apparente à la corde de guitare qui cède, à la baguette du batteur qui se rompt ou au souffle du trompettiste qui s’épuise. 
Cette approche détourne la fonction de ces différentes machines et révèle la présence de l’objet. Elle propose d’utiliser une dernière fois ces objets voués à être détruit.

Expérience et Collaboration

Les différentes collaborations avec Julien Jeanne m’ont toujours permis de conserver mon identité sonore de « basse technologie ». C’est d’ailleurs cette approche qui l’a intéressé. Lorsqu’il c’est tourné vers moi pour le projet Héliogravure, il lui semblait pertinent de faire appel à mes recherches sonores. Il souhaitait que le son s’inspire de l’idée de copie que Léon Ferrari utilise pour ses partitions chorégraphiques. Julien Jeanne m’a alors proposé de sonorisé et d’instrumentalisé un photocopieur. Cette proposition a évolué au cours du projet afin de servir au mieux le propos, aboutissant à l’utilisation de 4 scanneurs. Ceux-ci offraient la possibilité de pouvoir être orchestré, par le biais d’une partition en langage informatique ; cette partition s’apparentait plus à une programmation (développé par Fabrice Luraine) qu’à une partition classique. Celle-ci me permettait de définir l’enchainement et la synchronisation des actions, mais également les matières sonores ainsi que les variations électrostatiques & magnétiques de chacun des scanneurs.

En effet, variations électrostatiques & magnétiques, ce sont elles, qui, produites par les moteurs des scanneurs et amplifiés par des microphones à capsules ventouses permettent d’obtenir des sons. Durant la performance le programme informatique active les différents scanneurs suivant les actions préalablement défini. Aucun logiciel de traitement du signal audio n’est alors utilisé, seule l’amplification de l’action informatique se révèle au travers un jeu de mixage, de CUT, et d’égalisation par filtrage des fréquences.